Monographie de Jules ASTIER

Toponymie - a) Montbel - Il a été dit dans le premier chapitre que le mot Montbel signifiait belle montagne. Le mot se compose de deux vocables : mont et bel qu'en patois local se prononcent et s'écrivent « moun, bel ». Or, « moun » est un adjectif indiquant la possession équivalent à mon, « bel » veut dire : grand, beau, étendu, et s'emploie très souvent substantivement et par abréviation en lieu et place du nom auquel il se rapporte. Dès lors le mont «  bel  » pourrait fort bien s'appliquer à un domaine, à un pâturage, etc., de vaste étendue ayant appartenu à l'origine à un seul propriétaire qui s'est habitué à les désigner par l'expression « moun bèl », sous-entendu, domaine ou autre dénomination. On voit encore se produire journellement des appellations de ce genre. Si une terre est remarquable par quelle coté de sa situation, de sa configuration ou de son étendue, on la désigne le plus souvent par un qualificatif s'y rapportant plutôt que par son vrai nom. Ainsi en parlant d'un champ, d'un pré ou de toute autre chose, (au grand), à la pichotte, (à la petite), à la carrade (à la carrée), etc.

Une autre version peu probable d'ailleurs, veut que Montbel signifie « Mont de la guerre », de mons belli. Il n'en est pas moins vrai que la contrée serait un beau champ d'opérations militaires.

b) Salesses. Le mot Salesses, du latin sal, signifie sûrement « lieu où l'on donne du sel aux bestiaux ». L'endroit était jadis un lieu de passage ou de sieste pour les troupeaux qui venaient y manger du sel déposé sur de petits rochers plats à leur portée. Cette coutume est aujourd'hui disparue. Mais naguère les rochers destinés à cet usage étaient blancs au sommet, le sel ayant fait disparaître et arrêtant toute végétation spéciale sur les rochers. Il est à remarquer que divers autres lieux, non seulement du territoire, mais d'ailleurs, portent à peu près la même désignation - « salex, sagès, saguesso » et avaient pareille affectation.

Le mot Salesses pourrait aussi venir de Salix (saule). Les environs du village sont très marécageux ; il paraît qu'autrefois il y avait beaucoup de saules ; toutefois il n'en existe presque pas aujourd'hui. La première version est selon toute vraisemblance la plus exacte.

Dans la localité, la dénomination courante du village est Saguésso, ou Las Saguéssos.

c) Villesoule. Les vielles formes du mot sont Villesole, velle-soule et en patois Viagasouguo, viagasougue.

Villesoule signifie sans contredit ville seule, isolée, esseulée ; ville sans habitants, ville abandonnée. Probablement qu'au temps immémorial le lieu était éloigné de toute autre résidence, ou que à certaine époque ses habitants l'on déserté pour une cause inconnue.

Labarraque. La dénomination de cette petite localité n'a certainement pas d'autre signification que celle de notre mot actuel baraque.

Nom des lieux. L'ensemble du territoire de la commune de Montbel se divise, selon le cadastre, en quatre sections C, D, E, F, renferment 386 noms de lieux différents dont l'origine est fort ancienne et très incertaine. La plupart des désignations est en rapport avec la situation ou l'usage des lieux, l'exposition des terrains, la nature du sol, etc.

Origine des villages. L'origine des villages se perd dans la nuit des temps. Il n'existe aucune note relative à leur création ou à leur ancienneté. Il est fort difficile partant de savoir d'une façon péremptoire comment et à quelle époque ils ont été fondés. Quel est le premier occupant de ces tristes lieux ! Quel est l'audacieux qui, remontant les vallées, est venu le premier se fixer dans ces contrées désertes, isolées ! Enigme indéchiffrable. Nul ne pénètrera jamais le glacial silence qui plane éternellement sur ces questions !

Tout porte à croire que les endroits où sont situés ces villages ont été primitivement occupés, durant la belle saison d'abord, par des bergers, des passeurs, qui ont commencé par y établir pour s'abriter, des huttes, des cabanes (peut-être des chasseurs, des pêcheurs). Petit à petit des groupements se sont formés, on a cultivé un coint de terre : il en est résulté ainsi. L'établissement de petits hameaux isolés dont l'agrandissement est ensuite venu successivement d'âge en âge.

En se rapportant aux déclarations des vieillards, qui n'ont d'ailleurs rien de bien précis, il paraît que les habitations les plus anciennes seraient à Salesses celles des Dubois dits Garrel, Saguen, Bicary, Barjeton, à Montbel celles de Malalon, de Robert, de Boyer, de Maurin (Jouon), de Bataille, de Chaptal, etc. à Villesoule, celles de Roche, de Roux, d'Alméras, etc.

La tradition. Les vieux se font un devoir de raconter aux jeunes ce qu'ils savent de l'existence des villages. Cette tradition venue jusqu'à nous d'âge en âge peut avoir un fonds de vérité qu'il est impossible de contrôler à l'aide de documents authentiques.

Aucun des villages n'occuperait aujourd'hui l'emplacement où il se trouvait primitivement. Il serait difficile à dire quel est celui qui est le plus ancien. On croit pourtant que c'est Salesses.

L'Ouvreleuil dans son histoire du Gévaudan raconte que césar réchauffa ses troupes dans la plaine de Montbel et de là se dirigea sur Mercure (Mercoire). Toutefois César n'en parle pas dans ses Commentaires.

On prétend que le village de Montbel était situé au lieu dit « Lou Mazachi », à un kilomètre du village actuel sur le chemin de Roussials et Châteauneuf, et qu'il occupait les terres aujourd'hui aux sieurs Mercier et Robert. ; le cimetière aurait été tout près le ruisseau du Passadou dans un petit pré appartenant au sieur Marcon. Il paraît même que dans le pâturage de Mercier il se trouverait une grande cloche enfouie dans un marécage, une espèce de grand puits (pouzas). Jadis on entendait une résonance lorsqu'on y projetait des pierres. L'endroit se ferme peu à peu. Il existait une ancienne voie pavée aboutissant à ces lieux et venant de la direction de Salesses qu quartier dit « Carreirado del Bédis ».

Salesses s'appelait le hameau de Mercoire. Il y aurait eu jadis des habitations au quartier appelé « Migno ». Il existait un four à chaux au lieu dit le Chastelet, ainsi que quelques maisons. Les gens de la plaine y apportaient des pierres calcaires, les faisaient calciner, et emportaient ensuite du bois en même temps.

On raconte que Villesoule était au quartier dit la Veyrune, tout près de Gourgons. C'était paraît-il une sorte de ville désignée sous le nom de petit Mende et l'emplacement se trouvait principalement dans une terre qui appartient aujourd'hui au nommé Roche Augustin, dit Majadou.

Dans tous les endroits signalés comme étant l'emplacement d'anciens villages on a trouvé en abondance des vestiges (pierres de taille, briques, poteries, monnaies, ustensiles, etc.) qui semblent bien attester dans ces lieux l'existence d'habitations quelconques.

Il ne serait pas sans intérêt de pratiquer dans tous ces divers endroits des fouilles profondes.

On prétend également qu'il y avait un hameau au lieu dit « Lous Chazals » dans le terroir de Montbel. D'ailleurs le mot Chazal désigne maison en ruine. Jadis, il existait aussi plusieurs moulins sur le ruisseau de ce nom.

Les forêts. Il est a peu près certain que le pays était autrefois entièrement boisé. On trouve encore dans la plupart des marécages de nombreuses racines d'arbres en décomposition provenant de conifères, de fayards, de Saules, etc. Tout le territoire était couvert d'arbres. La dévastation définitive est survenue il y a environ quatre-vingts ans, surtout à Salesses où les troupeaux transhumants, aujourd'hui supprimés, ont complètement anéanti les taillis affaiblis de hêtre. La plaine était une haute futaie. Les moines de l'abbaye de Saint-Frézal d'Albuges la défrichèrent en partie les premiers pour y établir des cultures. Il y avait paraît-il une allée magnifique allant de l'Habitarelle au village de l'Altaret et sous laquelle se promenèrent les soldats de du Guesclin au temps de l'invasion anglaise. À une époque inconnue le feu aurait détruit les bois de la plaine.

La peste. Le climat était autrefois encore plus malsain que ce qu'il ne l'est présentement. La peste fit son apparition en 1721 et décima surtout la population du village des Salesses, notamment la maison appelée {justifie0}Prat Ablard (Tibelle) dont les habitants périrent tous. Un certain Laplane se tenait en permanence sur la voie publique pour empêcher toutes relations avec les pestiférés qui ne recevaient d'autre secours que des membres de la famille. Personne ne voulut porter au lieu de sépulture commune leurs cadavres qui furent traînés et ensevelis au quartier dit « Le Pélégri » dans une terre appartenant aujourd'hui au sieur Dubois (Menacho), tout près d'un rocher qui porte encore le nom de « ronc dé la pesto ».

Légendes. Durant les longues veillées de l'hiver, les anciens ont toujours la parole pour raconter à leur entourage les faits et gestes du temps jadis et faire avec empressement le récit des événements d'autrefois qui sont à leur connaissance, et n'oublient jamais de préciser que leur enseignement en la matière vient du père ou du grand-père.

Il est regrettable que personne dans les familles n'ait eut le soin d'écrire ces récits qui tout en étant du domaine de la légende, ne sont pas sans intérêt et dont l'origine n'est pas toujours dénuée de tout fondement. C'est le plus souvent un complément de tradition que l'imagination transforme selon les circonstances et l'impressionnabilité de chacun, et où la superstition a la plus large part. Tous les contes et histoires répétés à satiété se rapportent à des voyages, à des chasses, à des apparitions nocturnes, à des exploits locaux, au passage d'étrangers, etc.

À titre de curiosité, voici quelques uns des faits le plus souvent rappelés.

On raconte que les corbeaux qui passaient sur le champ des pestiférés tombaient foudroyés et que plus tard des braconniers à l'affût dans cet endroit virent des nymphes d'une blancheur immaculée danser en rond autour du lieu de sépulture. On ajoute, en précisant, que ce fait fut constaté à maintes reprises par les frères et grand-père du sieur Maurin François, du lieu de Combecibron.

Les serpents. L'extermination des serpents remonterait à l'époque où les bergers savaient accomplir d'extraordinaires tours de magie. Chaque soir, toutes les brebis d'un berger rentraient au bercail ayant de nombreux serpents enroulés autour des jambes, de sorte que les servantes refusaient à les traire.

Pour mettre fin à ce désagrément, le berger fit chauffer un grand four, se tint à la porte armé d'un grimoire et tous les serpents des environs vinrent s'y précipiter en disant : « Prends garde au dernier ». Et ce dernier, le père de tous les autres, fut tellement gros qu'il entraîna avec lui le berger magicien dans le four.

Les peurs. Divers quartiers du territoire étaient, croyait-on, hantés jadis par des génies malfaisants. On y apercevait la nuit des choses extraordinaires. Tous ceux qui passaient avaient bien peur, ce n'était que choses féeriques, fantômes, cercueils, feux divers, bruits mélodieux ou discordants, etc. Le lieu appelé Confoulens était par excellence l'endroit habité par les fées et des apparitions surprenantes. Personne n'aurait voulu s'y trouver seul la nuit. Maintenant, il n'est plus question de peurs nulle part ni de revenants dans les maisons. Tout cela a disparu, disent les bonnes oreilles, depuis que l'on sonne l'Angélus matin et soir.

Culte. Pendant longtemps, les habitants de Montbel et autres villages se rendirent à Allenc pour la célébration des cérémonies du culte. Ceux de Salesses allaient quelquefois à l'abbaye de Mercoire ou à Saint-Frézal. Il existait depuis le 12ème siècle une petite chapelle à Montbel où les fidèles se réunissaient pour prier en commun. Cette chapelle se trouvait sur l'emplacement du chœur de l'église actuelle (un lieu de prière était aussi la maison appelée encore Priou, prieuré).

Une succursale fut érigée à Montbel en 1715 sous l'épiscopat de Monseigneur Baglion de la Salle (archives départementales S. G 1946).

L'église. A cette époque, la petite chapelle fut agrandie, transformée en une église qui reçut plus tard des agrandissements successifs et forma définitivement un seul corps de bâtiments avec le presbytère actuel. La porte était exposée au midi sur la façade latérale, pour rentrer il fallait traverser une partie du cimetière.

L'église d'aujourd'hui a été édifiée en 1889 et construite par Pagès Auguste, entrepreneur de Travaux Publics à Langogne, d'après les plans de M. l'abbé Laurans, architecte diocésain.

Le devis s'est élevé à 22000 francs. En outre les habitants ont fait le transport depuis la gare de Labastide, de la chaux venant du Teil et de la brique destinée à la voûte, achetée à Alais.

La pierre de taille fut extraite des carrières de la Peyre, Commune de Belvezet, et l'ardoise du Tournel (le clocher a 27 m de hauteur).

Les fonds furent recueillis par souscription publique à la suite d'une mission donnée par les R.R.P.P. Hillaire et Astruc et encaissés par les soins de l'administration ecclésiastique locale, qui n'a pu rentre en possession de toutes les sommes promises, de sorte que dix ans après l'achèvement des travaux, il est encore dû trois mille francs à l'entrepreneur.

La municipalité n'a prix aucune part à la dépense. Et détail curieux à noter, le Conseil de fabrique n'a nullement voulu solliciter une subvention de l'État, prétextant que ce dernier pourrait ensuite s'emparer une jour de l'église !!! Voici les noms des fabriciens qui eurent une idée si lumineuse : Robert (Jean), Alméras (Sartret), Bataille (Lucat), Maurin (Maurisset) et l'abbé Maurin d'Allenc, vicaire à Montbel. Tout commentaire est inutile pour caractériser une pareille attitude. Seulement le vrai mobile mérite d'être connu. L'abbé Maurin, très militant, pensait qu'une allocation du Gouvernement était trop de nature à engager les électeurs à voter pour un candidat républicain !

Durant la construction, on a célébré (durant deux ans) le culte dans une grange affermé 120 francs au sieur Lahondes gendre Robert de Serreméjan. La cloche était installée sur un arbre dans le pré du sieur Astier, tout près de la maison Bataille (aujourd'hui abbatue).

La cure. La cure désignée sous le nom de clastre, était jadis sur l'emplacement ou se trouve aujourd'hui la maison dite « Jean Privat », tout près de celle appelée « Lou Priou » (prieuré). Elle a été démolie vers 1823, époque de la construction du presbytère actuel.

Le curé a la jouissance de deux petits près, l'un appelé Chabrières, sis au terror de Montbel, l'autre est situé à l'entrée du village des Salesses.

Les desservants. Les mutations sont peu fréquentes parmi le personnel ecclésiastique. On dit qu'il n'y a eu que 10 curés depuis 1719. En général, chacun reste bien de quinze à vingt ans en moyenne (on cite les noms de MM. Burou, Court, Roudais, Renouard, Trauchessec, Fages (1833), Fages, Savajols (1862), Génies (1870).

Pendant la Terreur, le curé de pelouse, M. Burou bint habillé en maquignon se cacher à Montbel et séjourna surtout dans la maison dite « Lou Fabré » (Astier). Lors de l'apaisement il resta en qualité de curé, à titre de reconnaissance envers les habitants.

Vers la même époque, vint échouer au hameau de Villesoule un vagabond du nom de Battet (il était originaire d'Estables et s'appelait St Léger), qui se faisait passer pour un curé, célébrait le culte dans une dépendance de la maison Sartret (le four actuel). Le confessionnal consistait en un grand crible à grains [un "crubel", NDR] interposé entre lui et les pénitents ! Cet individu s'arrangeait de manière à faire la nuit du bruit dans les maisons afin d'inspirer la croyance aux revenants qu'il s'efforçait de chasser ensuite à l'aide de pratiques dévotieuses bien rétribuées, soit en argent, soit en nature. Lorsque la supercherie fut découverte, le pseudo curé avait fait bien des dupes ; il parvint à s'enfuir à temps et à échapper à l'action de la justice (il fut condamné).

Par dérision, le sobriquet de « battet » est resté aux gens de Villesoule.

C'est en 1854 qu'un vicaire a été nommé en Montbel pour la première fois. Le Conseil municipal d'Allenc lui alloua une indemnité de 125 francs pour le deuxième semestre de l'année. Les divers titulaires ont été depuis Ségala, Orlhac, Imbert, Amarger, Savajols, Hermet, Saint-Jean, Richard, Bonafous, Maurin, Lacas, Paulet et Vanel (juin 1899).

La vicairie. Le local de la vicairie a été construit en 1881, par le Ne Felgerolles de Prévenchères, sur les plans de l'abbé Laurans. Le devis s'est élevé à la comme de 6000 francs, prélevé sur les ressources disponibles de la commune et les redevances communales des diverses sections. Avant la construction, les vicaires logèrent à la cure ou habitèrent une maison particulière appartenant au sieur Maurin, située tout près de l'église.

Cloche. La cloche de l'église a été fondue en 1846 à Rieutort. Robert jacques alla la chercher avec une paire de bœufs et à son arrivée à nuit tombante, fit le tour du village en la faisant sonner. Elle pèse 350 kilogrammes.

La cloche de Salesses fondue à Mende a été installée en 1878 sur la maison d'école. Celle de Villesoule, fondue par Triadou à Rodez, en 1896.

On a l'habitude de sonner les cloches en temps d'orage.

Croix. Un certain nombre de croix ont été élevées à différentes époques, dans les villages ou sur le bord de la plupart des chemins. Les plus anciennes tombant de vétusté ont été remplacées par de nouvelles qui portent presque toujours la date de leur édification.

À Montbel, la croix de pierre, un seul bloc de 4 mètres de hauteur, que l'on voit sur la place, date de 1772. Un autre, en fer dite croix de la mission, remonte à 1849. Une petite croix qui se trouve près la fontaine des Salesses date de 1855.

Instruction publique.

Pendant longtemps, l'instruction populaire fut très arriérée dans les divers villages et ne consista tout d'abord que dans l'enseignement des prières et du catéchisme. C'était une personne de l'endroit, la plus « instruite », qui s'occupait de cet enseignement, moyennant une bien faible rétribution et donnait quand elle le pouvait quelques petites notions d'écriture, de lecture et de calcul. On se croyait réellement savant lorsqu'on parvenait à faire sa signature, « lou sïnnet », et à apprendre à lire les papiers divers de la maison manuscrits. Les nommés Astier Guillaume et ansuite Bataille Marie firent longtemps l'école dans le commencement du siècle.

Les fondations

Afin de faciliter l'instruction de leurs concitoyens, plusieurs individus quelque peu aisés consentirent dans leurs testaments ou par des actes authentiques particuliers des donations, des les destinés à subventionner les éducateurs de la jeunesse. Quelques unes de lces fondations ont été perdues, prescrites, ou détournées de leur véritable destination par suite de négligence dans l'accomplissement de certaines formalités indispensables. Il existe encore les donations faites par les sieurs Dubois (Brunon), Dubois (Ménacho) du lieu ds Salesses s'élevant chacune à trente francs par an et celle de Roux Joseph dit Catté, de villesoule, consistant en vingt cinq doubles décalitres de blé.

Ces diverses rentes furent longtemps servies aux maitres ou maitresses de la localité. Le montant en est actuellement inscrit au budget communal.

Le personnel enseignant

L'instruction populaire ne se répandit sérieusement qu'à l'époque où le Gouvernement nomma des instituteurs ou institutrices dans les chefs-lieux des communes d'abord et dans les villages ensuite. La nomination des différents fonctionnaires n'a pas été conservée à la mairie. Il est néanmoins possible de donner d'après les vieillards de soixante-dix ans, la liste à peu près exacte des différents instituteurs qui se sont succédés dans la commune, tant pour le chef-lieu que pour les hameaux. Ce sont : 1er à Montbel - a. Instituteurs : Barrandon de St-Denis ; Bonnet, de St Alban ; Blanchard de Badaroux ; Lamouroux, de Bagnols ; Cornut de St Amans ; toulouse de Laubert ; Chapdaniel du Born ; Aujoulat de Montbel ; Serres de Ste Eulalie ; Peyre, de St Etienne du Valdonnez ; Teissier de la Villedieu ; Rouvelet de St Germain du Teil ; Nègre de St Denis ; Mallet de Chateauneuf ; Certes de St Pierre le vieux - b. Institutrices : Bataille, Aujoulat, Albouy, Roche, Tessier, Rouvelet, Nègre ; Mallet, Certes
Salesses Mlles Gravail, Veyrunes, MM. Arzalier, Astier.
3° Villesoule : Mlles Bataille, Roche, Richard, Calageand, Dubois, Arzalier, Mme Roudil, Mlle Trazic, M. Mallet, Roux (on cite encore : Ollier, Nouet, Chalbos).

Locaux scolaires

Au début les locaux scolaires ne furent que de malpropres taudis, parfois une écurie ou une bergerie ; on a vu les élèves mélangés avec les animaux. La première école était une étable, espèce de cave, située sur le jardinprès la maison Mercier et Aujoulat. La classe eut ensuite lieu en différents endroits. On cite une maison Thomas, près celle du Sarté (démolie), la maison Aujoulat André, Maurin (près l'église), Roussel, etc.

Les locaux scolaires actuels ont été construits à différentes époques sur les plans de M. Charles Chevalier, architecte à Mende savoir : 1er Celle de Montbel (groupe scolaire et salle de Mairie) par Felgerolles en 1880. Coût : Neuf mille cinq cents francs.
2° Celle de Salesses par Veyrunes, de Montbel, en 1882 est une maison particulière restaurée qui appartenait aux sieurs Renouard et Gravil (ancienne maison Balthézac). Cout total : six mille francs.
Celle de Villesoule, construite par Astruc de Chateauneuf, en 1893 sur l'emplacement d'un ancien local et d'un four banal : cout : six mille francs.

Toutes ces constructions laissent beaucoup à désirer au point de vue de la bonne exécution des travaux.

Sous la féodalité

Sous la féodalité, l'ensemble des terres qui composent le territoire de la commune de Montbel ont surement dépendu de différentes seigneuries. Il parait que celle du Roure en posséda la plus grande partie. Une pyramide encore debout au quartier dit la Crous del Ferré, dans la plaine, empreinte de cinq croix gravées dans la pierre, indiquait, dit-on, non seulement la direction des cehmins, mais formait encore le point de séparation de plusieurs seigneuries : Tournel, laubert, Chateauneuf, Mercoire, Roure, etc.

Il existait il y a moins de cinquante ans, dans toutes les maisons des papiers anciens, des actes sur parchemin relatant l'origine des diverses propriétés et les redevances féodales que chacun payait autrefois. Tous ces documents ont été perdus à l'époque où s'introuduisit dans les écoles la lecture des manuscrits. Les enfants apportèrent à l'école ces archives particulières qui furent égarées ou détruites ; on en recouvrait des livres. Il serait difficile dde trouver les minutes de ces titres qui seraient fort précieux pour écrire l'histoire locale.

En 1542, treize habitants de Montbel consentirent au seigneur d'Albuges un droit de pacage sur le terroir dit Pont-Ferroux (Chassefière, Michel, Maurin, Rebolh, etc.). La concession fut renouvelée plus tard par pierre de Combettes procureur des Albenas, possesseurs d'Albuges.

En 1586, Jean Albenas, lieutenant du Sénéchal de Beaucaire et Françoise de Joyeuse son épouse, vendirent au Collège de la Trinité le terroir d'Albuges avec toutes dépendances et appartenances et notamment Poux Ferroux. Les habitants de Montbel refusèrent de payer les censives et se plaignirent au Conte du Roure qui informa celui d'Albuges qu'il se rendrait à Montbel et lui fixa le jour du rendez-vous.

Un procès survint. Le collèe de la Trinité fit devant le juge du bailliage du Gévaudan une demande tendant à plaider. Les débiteurs furent condamnés à payer les censives (Archives départementales série G N° 2486, 2489, 2490, 2500, 2497, 2496). Ils en appelèrent au parlement de Toulouse et transgigèrent définitivement le 5 juin 1542 devant Me Bonnel, notaire royal au Blaymard. Durant le procès Me Mahrac fut l'avocat des habitants de Montbel : le procès fut interrompu pendant les guerres de religion.

Le territoire de Poux Ferroux était limité au levant par le chemin de Montbel à Roussials et les terres du seigneur de Villeneuves, au midi par le ruisseau du Passadou, le lieu dit Boutarès et les terres du conte de Grisac faisant partie du domaine de Gros-Viala, au couchant par le chemin (draye) du Blaymard à Chateauneuf et le terroir de Villesole (Villesoule). Ce teroir comprenait les lieux dits aujourd'hui : Lou Passadou, mazathe, Cartièires, pissebioou, Chonpougat, Leyranous, Nasso-redoundo, Boumbolonge, Espinouse, Pouzets, Traves, Combelle, Mouthe, Chapelat.

Albuges dépendait autrefois de la seignerie de Vézénobres et appartenait en 1436 à Louis de Joyeuse.

En dehors des treize habitants qui eurent des démélés au sujet de Ponx Ferroux, d'autres payèrent des consives. D'après un acte de 1494 la famille Roche (Chaptal) en payait à l'abesse de Mercoire. La famille Laurens (Robert) au Roure.

Le village des Salesses était tributaire de l'abbaye de Mercoire - ce lieu banal de tous les seigneurs des environs - Villesoule payait à Laubert.

Il y a tout lieu de croire qu'à une époque incertaine les seigneurs concédèrent à un titre quelconque diverses parcelles de terre à leurs sujets ou les leur remirent moyennant le versement annuel d'une rente viagère, ou le payement de redevances féodales fort variables. Probablement que les terres de mauvaise qualité qui ne firent l'objet d'une concession particulière sont devenues les biens communaux.

La plupart des propriétaires n'ont aujourd'hui comme titre de propriété que les inscriptions de la matrice cadastrale, il est rare de trouver des documents anciens, les vieilles divisions ayant été perdues.

La propriété ou domaine aujourdh'ui divisé de la famille Albouy dite Bataille, fut donnée en bail à locaterie perpétuelle le 2 avril 1767 au sieur Pierre Bataille par Joseph Teissier qui légua ses biens aux Quinfort des Pradels. En 1866, les descendants de Bataille Pierre rachetèrent la rente qui grévait leur domaine moyennant la somme de 4200 F, un demi-dixième en sus compris. Le rachat fut effectué devant Me Chanial notaire à Langogne entre les parties interessés et M. Charles Léon de Verdelhan des Molles, propriétaire rentier demeurant à Barres, mandataire de M. Arnaud médecin au Puy, administrateur des bien dotaux de Mlle Marie Calemard de Lafayette son épouse, représentant sa mère Gabrielle Françoise Lagathe Quinfort des Pradels.

Par un ac te en date de l'année 1226, le village des Salesses fut afforesté à la forêt de Mercoire, en même temps que Pelouze, Belvezet, Chazaux, Grosfau, Cheylard. En 1328 eu lieu entre un certain Booz des Laubies, et Guillaume de Chateauneuf de Randon chevalier de Jalès, une délimitation de divers pacages et notamment des Salesses, devant Bernard de Joyeuse notaire royal à Villefort. Nota : M. Dubois rentier au Cheylard l'Evèque possède une copie de cet acte.

Formation communale

Pendant longtemps, les villages qui composent acutuellement la commune de Montbel firent partie de la commune d'Allenc, dont ils formèrent une section en 1844. En 1851, les habitants demandèrent à se rattacher à Châteauneuf comme canton et comme commune. On prétextait surtout que la traversée de la plaine ou du Goulet était trop difficile en hiver pour se rendre à Allenc et au Bleymard. Le Conseil municipal d'Allenc par sa délibération du 12 juin 1853 s'opposa vivement à cette distraction qu'il trouvait préjudiciable à ses intérêts communaux, et fit remarquer dans ses considérants que Jean Dubois conseiller municipal du village des Salesses votait contre le changement projeté et que Maurin Antoine conseiller de Montbel ne s'était pas rendu à la séance pour prendre part aux débats.

Malgré cette opposition les intéressés obtinrent enfin satisfaction en 1858 et l'érection en commune eut lieu définitivement au début de l'année 1868.

Administrateurs

De 1844 à 1868 la section fut administrée par des adjoints spéciaux qui sont par ordre chronologique : Robert Jacques ; Alméras Etienne, Astier Antoine et Mercier Jean. L'un d'eux, Robert, tirant vanité de ses fonctions, tyrannisa quelque peu ses administrés au sujet de la dépaissance des biens communaux. Il en résulta un procès dont les frais s'élevèrent à 469 F. Cette somme fut payée à l'aide d'une imposition extraordinaire à marc le franc sur le village de Montbel. M. Laurans était l'avocat et M. Coste l'avoué des habitants de Montbel.

Maires

Lors de l'érection de la commune en 1868, Mercier Jean, alors adjoint spécial, fut élu comme maire. Ce fut une grande fête dans l'endroit. Mercier conserva ses fonctions jusqu'en 1881. Depuis, il y a eu Astier Antoine de 1881 à 1896 et Bataille François de 1896 aujourd'hui. (Mercier fils, Albouy, Astier, Maurin f., Maurin).

Archives

Les archives communales sont très incomplètes ; la conservation n'en a été faite avec soin que depuis 1881, date de la construction d'une salle de mairie comprise dans le groupe scolaire de Montbel.

Antérieurement à cette époque, la plupart des documents ont été égarés dans les maisons particulières des adjoints spéciaux ou des maires, et les pièces rarement conservées se trouvent en fort mauvais état. Tels les matrices cadastrales et le plan parcellaire.

La collection des registres de l'état-civil est complète depuis l'origine de la commune en 1844.